Changement de paradigme

Nul ne sait quand elle est apparue,
Ni d’où elle vient, ni ce qu’elle a vu.
Un lieu sans ombre, sans bruit, sans fin,
Un espace figé entre hier et demain.

Une mer de blanc, d’un éclat trop pur,
Sans mur, sans sol, sans ciel obscur.
On y entre sans le vouloir,
Comme aspiré par un non-espoir.

Les premiers qui l’ont traversée
Ont parlé d’un monde à réinventer.
D’une dimension, non pas la cinquième,
Mais l’origine de toutes les chaînes.

Car ici, le temps ne se mesure pas,
Les lois tombent, les limites s’effacent.
La gravité oublie son poids,
L’espace lui-même perd sa trace.

Celui qui ose marcher plus loin
Sent son corps glisser vers l’incertain.
Ses pensées s’étirent, prennent forme,
Comme si l’esprit devenait norme.

Ici, tu crées sans outils,
Tu plies la matière au moindre bruit.
Un simple souffle, et l’air devient mur,
Un geste vague, et l’éther sature.

Mais ce n’est pas tout, ce n’est pas rien,
Car ce lieu blanc détient un lien.
Un impact lourd, massif, immense,
Sur les dimensions que l’on pense.

La première, celle que l’on foule,
Tremble sous une force qui roule.
Chaque idée façonnée en blanc
Projette un écho dans le temps.

La deuxième, vaste et infinie,
Sent ses lignes se redéfinir.
L’espace entier se plie, s’étire,
Comme un lac troublé par un soupir.

La troisième, celle qui donne le volume,
S’offre au néant comme une enclume.
Tout grandit, tout rétrécit,
Comme si l’œil dictait la vie.

La quatrième, tissée d’instants,
Perd son fil, tourne en avant.
Le passé s’efface, le futur s’écrit,
L’éternité devient un cri.

Et pourtant, dans ce vide parfait,
Un doute s’immisce, une peur naît.
Car façonner, changer, briser,
C’est toucher aux lois oubliées.

Un pas de trop, une pensée absurde,
Et le monde entier se tord, se fissure.
Car cette dimension n’est pas un jeu,
Mais la source du vrai, du feu.

Alors ceux qui entrent doivent choisir,
Façonner l’univers ou repartir ?
Car une fois que l’on comprend,
L'on ne revient jamais comme avant.

Et quand la porte blanche se ferme,
Elle ne laisse qu’un souffle, une empreinte.
Un murmure dans l’espace absent,
Un secret trop grand pour être éteint.