Où est passé le calme ? Je cherche la nuit
Il fut un temps où la nuit tombait,
Où le ciel s'habillait d’encre et de secret.
Où les ombres dansaient sur les murs endormis,
Murmurant des rêves au cœur de la nuit.
Mais ce temps s’efface sous un feu artificiel,
Un jour sans fin, un éclat éternel.
Les lampadaires hurlent, les écrans vibrent,
La nuit s’éteint sous des néons livides.
Les ruelles ne chuchotent plus d’histoires,
Elles brillent, elles brûlent, elles n’ont plus de mémoire.
Les étoiles se meurent sous les dômes de lumière,
Prisonnières d’un ciel devenu poussière.
Regarde ces tours, ces routes, ces ponts,
Ce ballet d’éclats où tout est trop long.
Plus de refuge, plus de silence,
Juste un grondement, une danse immense.
Où est passée l’ombre qui rassure,
Celle qui caresse, celle qui murmure ?
Les nuits d’autrefois, pleines de soupirs,
Où le noir ouvrait des portes à l’avenir ?
À présent, les villes s’étirent en veille,
Un œil rouge, un battement sans sommeil.
Les hommes marchent, figés dans le flou,
Fantômes de verre sous un ciel dissous.
Les néons sculptent des mirages fragiles,
Un monde éclaté, un rêve stérile.
Les corps s’agitent, fatigués, oppressés,
Dans ces cités sans nuit, sans passé.
Et si demain l’ombre s’effaçait,
Si même la lune cessait d’exister,
Que resterait-il des heures profondes,
De ces instants où le monde se fonde ?
Peut-être qu’un jour, las de lumière,
Nous rêverons d’un noir sincère.
D’un recoin éteint, d’un souffle oublié,
Où l’ombre enfin viendrait nous bercer.