Pause ?

Ils courent. Ils filent. Ils disparaissent.
Les jours se dérobent, pressés, en détresse.
Le monde s’emballe, le temps s’efface,
Et nul ne s’arrête, nul ne prend place.

L’aube éclot, déjà consumée,
L’ombre du soir s’effondre, noyée.
Les rues vrombissent, les écrans dictent,
Chaque seconde devient un verdict.

Regarde-les, ces âmes perdues,
Accrochées aux heures qu’elles ont confondues.
Elles comptent les pas, les tâches, les gains,
Mais qui se souvient du goût du matin ?

Les horloges crient, les chiffres martèlent,
Chaque instant doit être utile, éternel.
La lenteur est un luxe interdit,
Un crime oublié, un temps proscrit.

Autrefois, on s’asseyait sans attendre,
Le silence portait des réponses tendres.
On laissait le vent sculpter les pensées,
On écoutait l’eau, on laissait glisser.

Mais aujourd’hui, tout doit servir,
Rien ne s’arrête, tout doit produire.
Lire sans but ? Regarder sans lien ?
Flâner sans gloire ? Plus rien n’est rien.

Même la nuit tremble sous les écrans,
Brûlant les rêves, effaçant le temps.
On ne dort plus, on recharge,
On optimise, on engrange.

Mais que reste-t-il de l’attente sacrée,
De l’errance douce, du pas léger ?
Où sont les heures qui n’appartiennent à rien,
Celles qui se fondent dans un simple refrain ?

Si un jour, l’homme s’arrêtait enfin,
Si l’oubli du bruit effleurait son chemin,
Peut-être entendrait-il, dans le vent,
L’écho lointain du temps d’avant.

Celui où l’on vivait sans le prouver,
Où l’on regardait sans capturer,
Où l’on existait, sans courir,
Sans compter, sans fuir.

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